Foutu pays!

Publié le par Belette à La Mer

Il est vingt heures. Pour la première fois de l’été, le thermomètre flirt avec les vingt degrés. Journaux, télés et radios nationaux ne parlent que de ça. Pour nous : 16,5°C. Depuis des années, chaque mois de juin, au moins une fois en Islande, l’air atteint le chiffre vingt. C’est une convention de rien ce chiffre, mais ça leur fait plaisir, aux Islandais, d’avoir droit à des températures « estivales » comme le reste de l’Europe. Pas forcément longtemps. Quelques heures suffisent, mais c’est important.

 

Dîné pieds nus sur le pont, chauffage éteint… sauf que l’année a changé de direction. Pour la première fois aussi, le soleil se cache derrière la montagne le soir, en retournant vers l’Est. L’ombre finit par gagner le pont. Le soleil tend vers la nuit. Ne nous y trompons pas, l’adret, la paroi d’en face, plus haute, brûle de ce zénith de minuit. Les étoiles, ce ne sera pas pour ce soir.

 

Puisque l’eau de mer ne dépasse pas les neuf degrés même en été, les gens des Fjörds se rattrapent en piscine. Chaque village a la sienne, géothermale ou pas, dotée d’un bassin extérieur ou non. Ici, la sundhöll est couverte, mais entourée de fenêtres. Le soleil inonde le bassin d’une douzaine de mètres où barbotent du matin au soir quelques gosses, des couples, des ados, des ancêtres. Pour dix minutes ou pour deux heures, à tout bout de champ, on se baigne. Et dans les vestiaires, jeunes et vieux, professeurs et élèves, petits enfants et grands-parents, voisins de paliers, patrons et employés se côtoient, nus sous la douche. Se dévêtir et se laver « partout » est obligatoire avant d’aller se baigner.

 

Aujourd’hui, le bassin était vide, inondé de soleil. L’eau à vingt-sept degrés en semblait encore plus chaude, bien sûr. Et le sauna, un Sahara. Pour se rafraîchir après l’étuve, on se plonge dans un bac beige – l’un de ces bac à morues du quai de pêche – où coule en continu une eau à cinq degrés. Foutu pays ! Pas moyen de se dépayser.

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